J’ai commencé à apprendre le dessin au début du mois d’avril 2016, à l’âge de 34 ans. Extrêmement tard, donc, selon les canons de carrière des dessinateurs. Et c’est l’un des intérêts de ce blog. Il aurait fallu le créer dès le premier jour, mais je n’y pense que maintenant. Afin de rattraper ce retard, petit regard express vers ces neuf derniers mois à travers quelques dessins commentés.
Avril 2016
Au commencement était la Perspective.Apprendre les règles de la perspective n’est pas seulement un préalable à tout autre apprentissage dans le domaine du dessin : c’est aussi extrêmement fun. Enfin, chacun sa façon de s’amuser ; en ce qui me concerne, ce fut du délire.Découvrir la difficulté de dessiner le visage humain fut nettement moins drôle. Ici, quelques tentatives lamentables, basées sur un tutoriel vidéo. Peu concluant en termes de résultat, mais d’un intérêt incommensurable pour développer l’humilité.12 avril 2016. Au bout de deux semaines, je découvrais le mirage du mimétisme. Il m’a fallu quatre heures pour réaliser cette copie d’une photo de l’acteur Michael Fassbender. Mis à part l’œil qui part en couille, on pourrait croire que c’est réussi, et c’est ce que je crus. Pour une copie au bout de deux semaines, c’est pas mal. Mais il ne faut surtout pas croire que recopier une photo vous donne la capacité de dessiner d’imagination. C’est un très bon exercice d’observation, et l’on peut, si l’on est concentré, apprendre quelques éléments sur les proportions du visage et la technique de dessin de ses diverses parties. Mais c’est tout.Et le lendemain, d’imagination, on fait ça. Mirage dissipé.Il existe de très bon tutoriels sur Internet pour apprendre la forme de l’œil et comment le dessiner de manière à peu près réaliste. Néanmoins, regarder une vidéo ne fait pas de vous un dessinateur et il faudra en dessiner un certain nombre…… et continuer à travailler…… encore et encore, en acceptant la colère de ne pas y arriver…… jusqu’à ce qu’enfin, vous atteigniez un niveau qui vous satisfasse. Une épreuve contre soi-même.Apprendre la forme générique, puis la reproduire, sous plusieurs angles et sans modèle.C’est bien sûr valable pour tous les éléments remarquables du corps humain, mais aussi pour tout objet que vous souhaitez pouvoir dessiner d’imagination.Le souvenir de cette page suscite chez moi une émotion assez négative, et un grand sentiment de frustration. Autrement dit : le nez, j’en ai chié.Apprendre les proportions de la tête est indispensable. Ne jamais oublier que derrière la peau, il y a le gras et les muscles, et derrière eux, l’os. Ici, un début de commencement de découverte de la boîte crânienne.Marre de rater vos visages ? Pour ne pas vous ennuyer, variez les plaisirs : il y a tout un tas d’autres trucs que vous pouvez rater pour changer un peu. Par exemple, le cercle en perspective, de son petit nom « l’ellipse ».Premiers pas sur la méthode Loomis. Je n’avais pas lu son bouquin à l’époque, mais certains youtubeurs en donnent les bases. Livre indispensable pour approfondir.Si vous vous demandez pourquoi je mets cette merde en ligne, c’est que vous n’avez pas bien lu la petite intro sur la page d’accueil du site. Faute grave.Et voilà pour clore le mois d’avril 2016. Je vous avais prévenus.
Mai 2016
Premier essai de corps humain dans une posture dynamique (sans modèle).Les mains : l’angoisse du débutant.Je vous l’accorde, on est plus proche du chaudronnier que de la masseuse thaïlandaise. Mais c’est complètement volontaire !L’avantage des mains, c’est que si on a un doute, on a un modèle à disposition sur soi.Découverte de l’importance des valeurs pour donner du volume. Crucial.Les valeurs ça devait faire chier, donc retour aux postures et proportions du corps. Pourquoi pas.Il a dû se passer quelque chose en rapport avec le basket le 26 mai 2016.Ne cherchez pas la cohérence des thèmes.Mes excuses à Toriyama. Ce qui est intéressant ici, c’est le passage de l’un à l’autre. Au-delà de l’exécution technique, j’ai constaté un manque de dynamisme et d’équilibre dans le premier dessin (à gauche), et ai essayé de le corriger (à droite). Très important d’observer ses dessins avec honnêteté : si vous sentez que quelque chose cloche, ne lâchez pas le morceau et essayez de mettre des mots précis sur le ou les problèmes. Nommez les défauts et vous aurez fait les trois quarts du chemin vers leur correction.
Juin 2016
Roland-Garros oblige.Impossible de corriger le « raccourci » du bras de ce tennisman. P**ain de revers.Il fallait que j’essaie un jour. Plus amusant à faire que je pensais. Dessin à partir de références bien sûr (mais ce n’est pas une copie pure).Vu la position par rapport au sol, très probablement un tir motte de terre, voire une jambe cassée.Retour aux valeurs et au volume. Les choses sérieuses, en quelque sorte. Et autant commencer par ce que je vais sans doute dessiner un certain nombre de fois dans ma vie : un caillou.Essais d’ombrage de visages.« Pas mal » ? Tout est relatif.Les plis des vêtements : une belle galère pour le débutant.
Juillet-août 2016
Revenir de temps en temps sur des choses déjà essayées, comme le visage de face, pour maintenir les acquis en place et essayer de nouvelles choses. En l’occurrence, le reflet dans les cheveux (raté) et la coiffure (sans commentaire).Varier les plaisirs. Ici, recherche d’un véhicule dans le cadre d’un scénario.On ne voit pas grand chose, mais peut-être assez pour juger du résultat par rapport à l’objectif. Il s’agissait de dessiner le visage d’un garçon de 16 ans.Premier essai d’encrage. Comme dirait Alfred, on tombe pour mieux se relever.Quand on ne le maîtrise pas, le Pocket Brush n’aide pas.Recherche de personnages pour un scénario.Recherche des vêtements.Il devient rapidement indispensable d’apprendre quelques expressions faciales courantes, pour varier un peu.Trois quarts + plongée, j’ai été un peu ambitieux sur ce coup-là. Comme souvent chez moi, le nez est désaxé et les orbites pas assez creusées.Retour à Loomis pour réviser les bases.On essaie des choses : des reflets dans les cheveux, un nez cassé, une mèche à la con, et on voit ce qui fonctionne.Séance d’entraînement. Si vous voulez maîtriser la perspective, l’ellipse doit devenir votre seconde femme. Forcez-la s’il le faut.Découverte des vidéos de Stan Prokopenko et premières applications.Proko, suite. Dessiner un schéma de la tête c’est bien, mais pour le corps ça ne suffit pas, il faut donc apprendre à schématiser cage thoracique, colonne vertébrale et bassin, le tout dans les bonnes proportions bien sûr.Proko toujours. Les proportions commencent à rentrer.Connaître la structure colonne/thorax/bassin est essentiel pour gérer des postures plus complexes.Prokopenko enseigne aussi le schématisation détaillée de certaines parties du corps, très utile pour le dessin réaliste. Ici, le bassin. On pourrait croire que ça ne sert à rien, puisque à moins de dessiner un squelette, on ne dessine jamais le bassin. Erreur : dans le dessin réaliste, connaître ce schéma permet de savoir quelles parties du bassin sont saillantes en fonction des positions du corps, mais aussi à quels endroits certains os et muscles sont attachés, etc. Essentiel.
Septembre 2016
Petite étude des plis sur tissu.Découverte des vidéos d’Alphonso Dunn. Je recommande chaudement son bouquin à tous les débutants.Dunn invite à apprendre à dessiner directement au stylo. Ça n’a l’air de rien, mais essayez : ce sera une petite révolution dans votre apprentissage.Sa spécialité : rendre les valeurs avec des hachures pour donner du volume. Clairement pas la mienne.En haut, des plis. En bas, un projet de plis, qui s’est transformé à mon insu en carte des fonds marins.On arrête les conneries et on revient à Alphonso Dunn, avec lequel j’ai travaillé les textures. Grâce à sa méthode, on arrive rapidement à des choses étonnantes. En bas à gauche, une tentative de chapeau d’Indiana Jones, transformé en chapeau de sorcière pour une raison inconnue.Apprendre à gérer une échelle de valeurs.Puis apprendre à mélanger textures et valeurs.Humilité : avant de se lancer dans des dessins complexes, apprendre à représenter des volumes simples.Ça n’était pas prescrit par Dunn, mais les volumes géométriques en perspective me manquaient, j’ai craqué. Je crois que j’avais crayonné en 2 minutes la forme globale de la maison, le reste est fait directement au stylo.
Octobre-novembre 2016
Deux mois et demi consacrés à la confection d’un storyboard (schématique, eu égard à mon niveau) pour un scénario de bande dessinée. 46 planches dont je ne pourrai rien vous montrer, car ce sera la BD du millénaire, qui me rendra riche et célèbre.
Décembre 2016
Retour aux personnages pour les besoins d’un scénario. A gauche, Johnny Depp sans faire exprès.
Une précision concernant la quantité de travail.
J’ai soigneusement numéroté toutes les pages utilisées pour dessiner jusqu’à aujourd’hui. J’en suis à la 243e, mais il faut ajouter le storyboard d’octobre-novembre 2016, numéroté séparément et qui a nécessité 108 pages de travail. En neuf mois, j’ai donc noirci 351 pages.
J’ai aussi utilisé, pour ceux que ça intéresse, une demi-gomme, un tiers de crayon 2H, une cartouche d’encre pour le Pentel Pocket Brush et un stylo Staedtler 0.3, dans lequel il restait de l’encre mais dont la mine a rendu l’âme (décevant). Bref, un tout petit budget.