On continue l’élaboration du storyboard, avec aujourd’hui un gros plan sur le mouvement.
Le storyboard d’une bande dessinée a ceci d’intéressant pour l’apprentissage qu’il impose une grande variété dans les dessins. Un article précédent de ce blog attirait l’attention sur les mains. Mais les scènes en question restaient largement statiques. Ces derniers temps, j’ai dû m’attaquer à des scènes impliquant davantage de mouvement. Ce qui veut dire, notamment, apprendre à plier les corps et choisir les angles et plans adaptés.
Alterner gros plans et plans larges pour raconter l’action
La scène qui m’occupe ici est un combat de boxe. Petit exemple de découpage sur un coup de poing paré suivi d’un coup de pied de riposte :

Je crois que la narration de cet enchaînement est à peu près correcte. L’alternance de gros plans suivie d’un plan plus large permet de bien comprendre la scène. Néanmoins, j’ai fait une petite erreur dans la règle des 180°. En effet les deux gros plans sur le poing (case 1) et le pied (case3) semblent suggérer que ces coups proviennent de la même personne, ce qui n’est pas le cas. Techniquement, la ligne d’action n’est pourtant pas vraiment franchie entre les plans. Mais le choix des plans crée une petite confusion, et c’est donc une erreur de narration.
Le « mouvement statique », écueil du débutant
Essayer de planifier du mouvement dans le storyboard, c’est bien. Encore faut-il que ce mouvement ne soit pas trop figé. Petit exemple de mouvements peu dynamiques sur une autre planche :

On peut relever (entre autres) deux erreurs de débutant, qui ont pour conséquence des mouvements faiblards, statiques et au final peu réalistes : a) des mouvements trop peu prononcés ; b) des personnages trop en équilibre.
Ne pas suffisamment accentuer les mouvements résulte d’une certaine timidité du dessinateur, qui a peur d’en faire trop. Et donc d’un manque d’expérience. Ça vient avec la pratique, comme on pourra le constater un peu plus loin dans cet article.
Mais le manque de dynamisme peut aussi résulter d’un manque de déséquilibre des personnages. Déséquilibre au sens propre : pour impulser du mouvement à la case, il est important que les personnages soient dans des postures impossibles à tenir dans le temps.
En réalité, ces deux problèmes constituent une seule et même erreur. Car plus on accentue le mouvement, plus on place les personnages en déséquilibre.
Mouvement et déséquilibre : exemples
Par exemple, en case 1 de la planche ci-dessus : le mouvement est dynamique parce que le personnage ne peut pas tenir cette pose pendant plusieurs secondes, il est évident que son pied avant va rapidement tomber au sol. Le cerveau du lecteur l’anticipe, complète l’image statique de la case en imaginant ce qui se passera durant les secondes suivantes. A contrario, le coup de poing en case 3 est très peu dynamique, entre autres parce qu’aucun des deux personnages n’est en déséquilibre. Pourraient-ils tenir cette position pendant plusieurs secondes, voire plusieurs minutes ? Oui. C’est donc un « mouvement statique », et donc une case très peu efficace. Idem en case 5, même si celle-ci est un peu meilleure à cause de la légère perte d’équilibre du personnage qui encaisse le coup. La case 4 est bien meilleure.
Un bon moyen de vérifier si une case est dynamique ou statique : si les personnages peuvent tenir la pose pour une photo, c’est que ça manque de mouvement !
D’autres cases plus ou moins dynamiques :


De plus en plus de mouvement dans le storyboard
Au fur et à mesure, petit à petit, les progrès s’agrègent. La courbe de progression est en pente très douce, mais réelle. Et à force d’essayer de dynamiser les mouvements, certains dessins commencent à se fluidifier :

