Exercice le plus ambitieux jusqu’à aujourd’hui : dessiner et encrer les personnages d’une scène du film 300. Pour le décor, on verra plus tard, l’objectif est ici d’arriver à représenter des corps humains en perspective.
Strucure de la scène
L’image exacte que je veux représenter est celle du roi Leonidas recevant son casque des mains de son fils dans la scène d’adieu à sa famille. Dans le film, ce geste est montré en gros plan, ce qui ne m’arrange pas du tout. J’ai donc replacé cette action dans un cadre plus large.
On peut donc dire que ce dessin est, dans sa structure, un dessin d’imagination. Néanmoins, le cadrage est repris du plan large qui décrit le reste de la scène, et j’ai dû bien sûr me référer directement au film pour les vêtements, les armes et autres détails.
C’est parti.
Perspective et anatomie
D’abord, poser les bases de l’anatomie et de la perspective :
On remarquera que le bouclier n’a pas été tracé n’importe comment.
Dans la réalité, ce bouclier est un disque, ce qui se traduit donc sur le papier par une ellipse. Il est également incliné à la fois sur son axe vertical et par rapport au plan défini par la surface du sol. Ce qui veut dire que sur le papier, il faut calculer l’ellipse (le cercle en perspective) pour qu’elle représente bien cette double inclinaison.
Essayez à main levée, vous mesurerez tout de suite la difficulté de la chose. Pour réussir à placer l’ellipse, la recette est toutefois assez simple : il faut l’inscrire dans un carré. Un carré est facile à représenter. Il suffit de choisir des points de fuite et de tirer les droites (en respectant bien sûr les règles de la perspective). Une fois le carré représenté, il reste à marquer les points de passage de l’ellipse sur les diagonales (environ un tiers depuis le coin), et essayer de peaufiner tout ça pour que ça ait l’air naturel.
Mais ce n’est pas tout : le bouclier de Léonidas est également bombé. C’est ce que j’ai essayé de poser par les petits traits de construction que l’on aperçoit sur le croquis.
Ombres et détails
Une fois la perspective et les principaux éléments de l’anatomie posés, on peut attaquer les détails :
À ce stade, il a déjà fallu commencer à penser à la lumière. Celle-ci a une incidence sur tous les éléments du dessin. La manière dont les objets reflètent ou non la lumière donne en effet toutes les informations nécessaires sur leur forme et leur texture.
Par exemple, le bouclier est métallique : sa surface proposera donc un reflet important à l’endroit où la lumière « rebondit » sur l’objet avant d’arriver dans l’œil de l’observateur (et un dégradé de plus en plus ombragé à mesure que l’on s’éloigne de ce point le plus lumineux).
Pour l’ombrage à l’encre, j’utiliserai des hachures, et il faudra donc soigneusement calculer leur orientation pour qu’elles rendent bien la forme de l’objet. Afin de préparer au mieux l’ombrage du bouclier, j’ai donc essayé d’affiner la perspective avec une petite grille (pas facile à réaliser sur une surface courbe et inclinée…) :
Enfin, il a fallu passer à l’encrage.
Encrage
J’ai d’abord essayé à la plume, parce que c’est, lorsque l’encrage est réussi, la technique que je préfère. Les traits sont très fins, mais leur grosseur varie quand même légèrement, ce qui permet de jouer sur des ombres progressives. Comme au pinceau me direz-vous : certes, mais très rares sont les dessinateurs qui parviennent à dessiner suffisamment fin au pinceau, à mon goût. Le plus souvent, la grosseur du trait gomme des détails, et le dessin finit parfois en tableau impressionniste (j’exagère à peine).
J’ai donc acheté quelques plumes, une petite fiole d’encre de chine, et hop… Problème : je ne manie pas mieux la plume que le pinceau. L’exercice a été pénible et le résultat sans appel. (Je ne peux pas le montrer ici car du coup, j’ai utilisé cet encrage raté pour expérimenter un peu les ombres au stylo avant de me lancer sur un nouvel encrage complet.) Il faudra recommencer, car l’apprentissage de l’encrage à la plume est l’un de mes objectifs principaux.
Bref, retour aux bon vieux stylos donc :
Bilan
Les erreurs et faiblesses les plus visibles :
- les mains
- la perspective du bras de Léonidas
- les muscles du côté du torse masculin
- les muscles de la jambe
- le dos du jeune garçon
- le manque de détails sur le bras de la femme
- les ombres portées, notamment celle du bouclier sur la jambe de Léonidas et celle du bras de sa femme sur sa taille
- la tâche noire en guise de ceinture + slip de Léonidas
- j’aurais dû faire la pointe de sa lance, là on dirait un peu Moïse avec son bâton
- l’ombrage du bouclier donne bien la forme, en revanche les hachures ne donnent pas du tout le bonne texture, on dirait du bois ! (il aurait peut-être fallu faire un reflet plus marqué)
- la bosse sur le rebord du bouclier !
- PS : les visages ne sont pas une erreur, je n’ai pas essayé de copier ceux des acteurs.
Sinon, il y a de bonnes choses, ça progresse. Mais l’encrage au stylo très fin a été particulièrement fastidieux, je me demande si ça ne demanderait pas un autre essai avec des stylos plus épais. Ce sera pour une prochaine fois !