Le début de la planche de BD n°6 a été l’occasion de s’enfiler une bonne dose de perspective. Il s’agissait en effet de dessiner l’intérieur d’un appartement, avec des meubles, du parquet, des personnages… Pour l’amateur de coups de règle que je suis, un bonheur !
Comment Papy et Mamie sont devenus riches parce que j’ai raté ma perspective
Premiers dessins d’intérieur depuis le début de l’apprentissage. Ça se fête. Enfin, pas tout à fait les premiers… En avril 2016, alors que j’apprenais le dessin depuis 2 jours, j’avais produit par exemple cette merveille :
En termes d’ameublement, on ne peut pas dire que j’avais eu la main lourde. (NB : L’oeil sur le mur n’est pas une référence au satanisme hollywoodien, encore moins à Loft Story. J’apprenais à dessiner des yeux, tout simplement.) Mais après tout, la perspective n’est pas trop mauvaise.
Voyons si je peux faire mieux aujourd’hui – si on arrive à voir quelque chose sur cette photo pourrie :
L’escalier en haut à gauche m’a posé un certain nombre de problèmes. J’étais parti pour faire un colimaçon mais la difficulté de la tâche m’a rebuté, j’avoue.
Le fauteuil du grand-père me faisait aussi un peu peur, mais au final, il ne s’en sort pas trop mal. J’ai patiemment contruit sa perspective avec des parallélépipèdes, puis arrondi leurs angles et côtés. C’est bien. Il faut partir de formes simples puis les modifier légèrement pour produire les détails.
Le gros défaut qui me saute aux yeux dans ce dessin réside dans la dimension du salon. Il fait à peu près deux fois la taille que j’avais en tête. L’espace entre le canapé et la table est gigantesque, par exemple. Ce couple de grands-parents, pourtant d’une situation sociale modeste dans le scénario, est donc désormais propriétaire d’un duplex gigantesque à deux pas du jardin du Luxembourg. Génial.
Il y a donc encore du travail pour faire correspondre le dessin aux idées du cerveau. Il faudra aussi apprendre à vérifier la structure des dessins avant de passer aux détails. Ça viendra !
La perspective appliquée aux personnages de BD
La deuxième case de la planche représente les personnages du grand-père assis dans son fauteuil et du petit-fils debout derrière lui. Je veux qu’on voie bien leurs visages, sans pour autant choisir un angle trop plat. Du coup, j’essaie une plongée/contre-plongée de trois-quarts (le mec aime la facilité).
Mais qui dit plongée-machin dit perspective. Car celle-ci s’applique aux objets, on l’a vu, mais aussi aux corps humains (et non, pas seulement à celui des femmes-objets). Ce point a d’ailleurs fait l’objet d’un article il y a peu (« Les personnages de BD aussi se dessinent en perspective« ).
La case :
Comme on peut le voir, les lignes des yeux de ces personnages et leurs lignes d’épaules fuient dans la même direction, celle d’un point de fuite situé hors de la case, sur la gauche. Dans la même direction que le dossier du fauteuil, puisque tout ça est parallèle.
Pas grand-chose à dire sur cette case, l’objectif est atteint. Notons au passage que j’ai pris soin de la composer de manière à situer les deux informations importantes – leurs visages – à peu près aux croisements des lignes découpant la case en tiers, même si celui du jeune homme est un peu trop haut (pas grave du tout).
De la perspective en BD, jamais tu ne te détourneras (mais tu essaieras quand même comme un gros boulet)
Passons sur la case suivante, sans grand intérêt, et examinons-en une dernière. Elle doit représenter le jeune homme et le grand-père, mais cette fois du point de vue de la grand-mère.
J’ai dû pas mal réfléchir à la composition de cette case, parce qu’elle ne figurait pas dans le story-board. Il s’agit en effet d’une fusion de deux cases (l’une d’entre elles était inutile : ne jamais hésiter à sabrer).
Points de vigilance
La première chose à surveiller quand on pase d’une case à une autre : la règle des 180°. Si vous ne savez pas de quoi il s’agit et que vous comptez pourtant faire de la bande dessinée, je ne peux que vous inviter à consulter le tutoriel composé par mes soins : « La règle des 180° au cinéma et en bande dessinée« .
Deuxième chose à surveiller : les coïncidences foireuses. Ne cherchez pas sur Google, ce n’est pas un terme officiel. Il s’agit d’éléments d’un dessin qui se collent les uns aux autres involontairement et qui produisent des effets bizarres. Par exemple, vous dessinez un personnage dans une pièce et sa tête se retrouve pile au milieu d’un portrait accroché au mur derrière lui, donnant l’impression que sa tête est encadrée : coïncidence foireuse.
Le dessin
Ces points de vigilance établis, passons au dessin de la case. Comme l’intertitre ci-dessus l’indique, j’ai eu la grande prétention de me passer de ligne d’horizon et de points de fuite pour commencer cette case. Et comme il l’indique également, j’ai échoué.
Le premier essai, avec à gauche la tête de la grand-mère, au milieu Papy et derrière lui, debout, le petit-fils :
Ce croquis ne promettant absolument rien de bon, je me suis fait violence, j’ai ressorti la règle, ai posé mon petit point de fuite et commencé à tirer des lignes dans les bonnes directions. Et comme par magie, le dessin s’est mis en place :
Après ajout de quelques détails :
Voilà qui est beaucoup mieux.
J’ai quand même dû légèrement tricher sur la disposition des objets en arrière-plan pour que rien ne vienne se mettre derrière le personnage debout. La faute à un story-board un peu léger. Les plus tâtillons pourront s’amuser à comparer cette case avec la première en plan large, pour voir si j’ai correctement fait pivoter l’angle de vue. Si vous voyez des erreurs, n’hésitez pas à les signaler en commentaires !
Cette planche produit des seaux de sueur mais commence à ressembler à quelque chose. Hâte de l’encrer !