Dessin Audi A4
Projet littéraire : galerie de portraits

Défi : dessiner une voiture

24 novembre 2018

Retour au projet « Portraits ». Avec pour ces dernières séances un portrait un peu original : celui d’une grosse bagnole dans un gros parking.

Le personnage dont je dois tirer le portrait est un amateur de belles voitures, et possède une Audi A4. Un passage du texte évoque la voiture garée dans un parking souterrain, comme un bijou dans son écrin de béton. J’aime l’idée, qui souligne la manière dont, immanquablement, quelle que soit la laideur du monde qui les entoure et qu’ils ont fabriqué, les hommes n’ont de cesse d’essayer d’y projeter de la beauté.

Dès que l’idée a germé de dessiner une voiture plutôt qu’une personne, j’ai su que j’allais au devant de grosses difficultés. Parce qu’au départ, je n’ai pas vraiment le niveau technique suffisant pour faire ça. Je ne parle pas de dessiner le contour de la voiture : ça, ça peut s’élaborer à partir de quelques photos. Non, la difficulté majeure, ce seront les textures du métal et du béton, et notamment parce que ces surfaces seront inévitablement éclairées par une ou plusieurs sources lumineuses. Comme je travaille en noir et blanc, il faudra que j’utilise des systèmes de hachures capables de convoyer aussi bien la matière lisse et brillante du métal que celle plus rugueuse et plus mate du béton. Un beau défi, et l’occasion de se coltiner de très nombreuses heures d’encrage, qui permettront de progresser dans ce domaine.

Composition et mise en perspective

Première étape : composer l’image et mettre les éléments en perspective.

D’abord, la composition. Je vais faire simple : la voiture sera placée au centre. Pour éviter trop de déformation due à la perspective, je vais la contenir dans un tiers de la largeur, le tiers central donc. Le tiers de droite sera occupé par le mur du parking et le tiers de gauche sera ouvert, pour donner un peu d’espace. La ligne d’horizon sera placée un peu en dessous du toit de la voiture. Deux points de fuites seront utilisés, l’un dans le champ, dans l’axe de la voiture mais légèrement sur sa droite pour montrer son flanc, l’autre très loin à gauche. Rien de bien original, juste une composition solide et fiable, qui n’ajoutera pas de difficulté au projet.

Du coup, on démarre avec une boite (la voiture) dans une plus grande boite (le parking). Enfin si vous arrivez à voir quelque chose :

Croquis voiture perspective

(HL = ligne d’horizon)

Profil et principaux volumes

Pour dessiner le profil de la voiture et ses principaux éléments, je n’ai pas de photo que je peux copier. Je n’en ai pas trouvé sous cet angle et je n’ai pas cherché longtemps car la copie ne m’intéresse pas. J’ai préféré réunir trois ou quatre photo d’Audi A4 selon des angles différents et essayé de recomposer le tout sous l’angle que j’ai choisi.

C’est beaucoup plus difficile que la copie pure et simple d’une photo. Mais c’est aussi ce qui oblige à comprendre ce qu’on est en train de dessiner, et particulièrement les volumes.

Pas de précipitation

En commençant à dessiner la voiture, je me suis aperçu que j’avais fait une erreur dès le début, en plaçant la boite « voiture » trop en recul par rapport à la limite de son box. Mais j’ai aussi réalisé que par rapport à la largeur de la boite, la hauteur était beaucoup trop importante. C’est ce qui arrive quand on se précipite un peu en oubliant de prendre les mesures de base de l’objet.

Bref, j’ai corrigé tout ça au fur et à mesure :

Croquis voiture perspective (2)

(Oui, l’avant de la voiture est déformé, ce sera corrigé plus tard.)

Et du coup, il y a une première chose qui est tombée à l’eau. Parce que la voiture est plus basse, son toit correspond à peu près à la ligne d’horizon, et on la voit donc un peu d’en haut, ce qui est un angle moins pertinent. J’aimais bien la ligne d’horizon en dessous, avec l’observateur un peu dominé par la voiture.

Vous me direz : au lieu de diminuer la hauteur pour trouver le bon rapport hauteur/largeur, j’aurais pu augmenter la largeur : oui, j’aurais dû :-). En repoussant un peu les murs du parking aussi pour conserver de l’espace dans le cadre. En tout cas, à ce moment-là j’ai fait le deuil d’un angle qui aurait été beaucoup plus intéressant, comme on le verra sur le dessin final.

Incise technique : utiliser les diagonales de rectangles pour trouver les milieux

Au passage, une remarque sur les quelques traits de construction encore visibles sur le dessin ci-dessus. Ce sont pour la plupart des côtés et diagonales de rectangles, qui servent à isoler des parties de volumes et à en trouver le milieu (l’intersection des diagonales d’un rectangle permet de trouver le milieu des côtés). Il est indispensable de trouver le milieu des arêtes des objets si on veut pouvoir mettre en perspective la symétrie.

Après quelques corrections et ajouts de détails, on obtient un premier crayonné qui servira de base pour tout le reste :

Dessin d'une voiture (Audi A4)

Premiers essais d’encrage : trouver des ombres pertinentes

Passage à la table lumineuse et copie « au propre » du crayonné pour préparer l’encrage :

Dessin d'une voiture (crayonné)

Et maintenant, il va falloir trouver des ombres sympas. Quelle(s) source(s) lumineuse(s) ? Quelles parties de la voiture faut-il éventuellement cacher, quelles autres faut-il montrer ?

En même temps que ces questions, celle des textures pointe aussi le bout de son nez, comme on va le voir très vite…

Premier test :

Dessin d'une voiture dans l'ombre

Très incomplet au niveau des ombres, la bérézina sur les textures 🙂

Deuxième essai un peu plus sérieux, avec deux sources lumineuses :

Dessiner une voiture: essai d'encrage (1)

Pour cette tentative d’encrage j’ai travaillé essentiellement au pinceau, excepté pour les lignes rigoureusement droites (tuyaux, marquage au sol et arêtes des murs), qui sont faites au stylo et à la règle.

Les ombres sont trop brouillonnes, l’échelle de valeurs est mal maîtrisée et le rendu de la carrosserie est rarement efficace. Pour donner l’idée du métal, il faut vraiment utiliser l’extrémité du pinceau et tracer des lignes très fines, dynamiques, bien parallèles et assez serrées. C’est fait un peu sur le devant, mais le reste est trop hésitant. Quant au verre du pare-brise, je ne l’ai pas du tout.

Passage aux hachures à la règle

J’ai réalisé une autre version avec les ombres entièrement au pinceau, un peu mieux mais pas flamboyante, avant de changer mon fusil d’épaule : passage au stylo et à la règle, pour voir ce que ça donne.

Première couche de hachures

La première couche donne ça :

Dessiner une voiture: essai d'encrage avec hachures à la règle

Notez qu’il y a deux sources lumineuses : une en haut à gauche (hors cadre), l’autre en haut à droite (idem). Entre la voiture et les piliers à droite, deux ombres sont en intersection : celle qui est projetée par la voiture et celle qui est projetée par le pilier au premier plan. La zone commune à ces deux ombres devra donc afficher une valeur plus faible (plus sombre) que les zones d’ombre « simples ». Ce sera l’objet de la seconde couche. Il faudra aussi corriger la différence de valeur entre le mur du fond et le sol/plafond.

Deuxième couche de hachures

Correction des valeurs et deuxième couche :

Dessiner une voiture: essai d'encrage avec hachures à la règle (2)

C’est efficace, mais ça n’est clairement pas le même style de dessin que les ombres au pinceau. N’ayant pas le niveau technique suffisant pour ces dernières, je vais me contenter de ça pour le moment.

Finition : les textures

Pour finir le dessin, il faut bien sûr ombrer et texturer la voiture, mais aussi « salir » un peu le décor, pour le rendre plus vivant.

Dessiner une voiture: essai d'encrage avec hachures à la règle (finition)

Et ce sera tout pour ces séances éprouvantes.

Dessiner une voiture : débrief

Un dessin figé

Au final, je trouve le résultat mitigé. Ce qui m’ennuie le plus est le côté figé et « lambda » du dessin, qui vient en grande partie, il me semble, de l’angle de vue. Comme je le disais au départ, il eût sans doute été plus judicieux de placer l’observateur plus bas, pour donner un air plus conquérant et dominateur à la voiture.

Les ombres en hachures droites : une bonne piste

Les ombres portées sont moins mauvaises que je l’imaginais avant de me lancer. Les hachures à la règle, même si elles donnent un côté un peu rigide et froid, sont finalement assez efficaces (sur des surfaces planes évidemment 😉 ).

Première fois également que j’essayais l’intersection de deux ombres et la hiérarchie de valeurs qu’implique ce phénomène. Le résultat est satisfaisant pour une première. Première fois enfin que je fais un reflet sur du verre (le tuyau du plafond sur le pare-brise). Le résultat me laisse dubitatif !

Du boulot sur les textures

Pour ce qui est des textures, il y a du bon et du mauvais. Même si la qualité de la photo ne permet pas de se rendre vraiment compte du rendu final (c’est quand même mieux en vrai), la texture béton est assez réussie. J’ai notamment cassé les arêtes avec de petits défauts et esquissé un peu le mélange gris/salissure avec des traits fins sur les bords des surfaces.

Le mauvais, c’est la bagnole. Pour dessiner une voiture correctement, il va falloir travailler la texture métal. Probablement en gérant mieux la lumière, les reflets, les contrastes. Mais aussi en améliorant la dextérité au pinceau, pour une plus grande finesse des traits, une homogénéité accrue, moins d’hésitation, plus de dynamisme, etc.

Cet article vous a plu ? N'hésitez pas à le partager !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Voir aussi :